top of page
  • Photo du rédacteur(re)vue

Ces lieux insolites à Bartholdi #1

Dernière mise à jour : 6 juin 2020

Des centaines d'élèves passent tous les jours devant cette porte blanche au premier étage du lycée, sans que la plupart d'entre eux ne sache ce qui se cache derrière. Et pour cause, la pièce est complètement inaccessible, fermée à clé pour préserver ce patrimoine au moins dix fois plus vieux que nous et inscrit à l'UNESCO. Pour ceux qui ont toujours voulu en savoir plus, pour ceux qui en découvrent à peine l'existence et pour ceux qui la connaissent déjà, voici la visite de la bibliothèque du lycée, dans un reportage photo entièrement réalisé par le magazine du Bartholdi !




Le bâtiment principal du lycée, bâti en 1714 et occupé par les Jésuites, a été repris, après avoir chassé ces derniers en 1765, par Pierre-Michel d'Ixnard, qui y a fait ajouter, entre-autres, la bibliothèque ainsi que la salle des Actes. À noter également que le lycée sera occupé par les Allemands durant la Première guerre mondiale (l'Alsace appartenant à l'époque à l'Allemagne), comme en témoignent des manuels allemands datés de cette époque, et durant la Seconde,sous l'occupation, comme en témoignent les partitions musicales nazies.


De style néo-classique avec ses inspirations antiques, telles que ses colonnes, la bibliothèque est en quelque sorte une reproduction du schéma de la chapelle du château de Versailles de par, pour ne pas citer Wikipédia, son "vaisseau central séparé des fenêtres par un péristyle à chapiteaux", ou par, de manière plus concise, les colonnes. Bon, ça, c'était un petit amuse-bouche, à la fois facile et assez complexe à rédiger, on dit une nouvelle fois merci à Wikipédia pour les informations que l'on ne peut pas vraiment trouver ailleurs.



Aujourd'hui, lorsque l'on entre dans cette pièce, la première chose qu'on ne peut clairement s'empêcher de remarquer ce sont... les livres. Des murs entiers recouverts d'ouvrages vieux de plusieurs siècles : des livres d'art, des encyclopédies et dictionnaires, des manuels scolaires du siècle passé, des magazines de mode féminine, des partitions de musiques et de chants nazi(e)s...

La plupart de ces livres sont en allemand, vestige de l'occupation du lycée Bartholdi, et plus globalement, de l'Alsace pendant la Seconde guerre mondiale.



D'autres détails attirent moins l'attention mais n'en sont que plus surprenants et bienvenus. On tombe par exemple nez-à-nez avec des squelettes (de cheval, je vous rassure tout de suite !), de vielles cartes de Colmar alors fortifiée façon Vauban, des photos en noir et blanc, une reproduction de la torche de la Statue de la liberté de - en bons et bonnes élèves du lycée, vous ne pouvez pas l'ignorer - Auguste Bartholdi, ou encore un parchemin sur lequel l'on distingue nettement une chouette, emblème de notre lycée (en photo juste ci-dessus).



Abordons maintenant une partie encore plus intéressante que ces informations qui pourraient en laisser certain(e)s d'entre vous indifférent(e)s, et qui nécessite, pour l'observer, de lever un petit peu la tête : l'imposante peinture de Joseph Melling, située au plafond de la salle. On y observe les sept Muses qui accompagnent le dieu grec Apollon, qui sont :


Clio : Histoire (au sommet)

Euterpe : musique

Thalie : comédie

Melpomène : tragédie

Terpischore : danse

Erato : élégie, poésie lyrique tendre et triste (sentiments)

Polymnie : hymnes sacrés/poésie lyrique

Uranie : astronomie

Calliope : éloquence (l'art de bien s'exprimer à l'oral)




Toutes ces muses se situent sur le Parnasse, une montagne surplombant la cité antique de Delphes, la cité d'Apollon par excellence. Je parlais un petit peu plus haut de cheminement, car, en effet, le peintre a voulu symboliser le cheminement du bachelier, à travers les différentes formes d'art et de savoir qui se devaient d'être maîtrisées à l'époque. Chaque muse, ou presque, est accompagnée d'une sorte de petite légende écrite en latin. Vous sentez vous prêt(e)s à traduire ? Oui ? Non ? Bon, d'accord, alors voici quelques traductions des différentes légendes des muses, c'est cadeau :

  • À présent Erato, tu portes le nom de l'amour. (Nunc Erato nam tu nomen amoris habes.)

  • Clio chantant récite les exploits et les temps du passé. (Clio gesta canens transacti tempora reddit.)

  • Euterpe presse des syrinx (flûtes de Pan en roseau) des doux sons grâce à ses souffles. (Dulciloquis calamos Euterpe flatibus urget.)


Voilà tout ce que je pouvais vous dire sur cette magnifique peinture. J'espère que vous aurez un jour la chance d'aller la voir de vos propres yeux, je pense qu'elle vaut vraiment le coup d’œil, tant pour les passionné(e)s de latin, de cultures antiques et d'Histoire en général, que pour les amateurs et amatrices d'Art, et bien-entendu pour tous les autres !

Pour résumer, cette bibliothèque est presque un condensé des quatre derniers siècles, de par la richesse culturelle qui y repose en paix et à l'abri des regards indiscrets, nous permettant ainsi de retracer le fil qui nous relie, nous, héritiers et héritières d'un patrimoine culturel riche, aux bâtisseurs de l'époque.


C'était tout pour ce petit bout d'histoire qui, je l'espère, vous aura donné l'impression de mieux connaître ce lycée et donné envie de découvrir d'autres lieux - dès que les conditions sanitaires le permettront à nouveau, cela va de soi ! -.



Sources :

ma professeure de latin


Article rédigé et mis en page par Pierre BIEHLER et Camille MASCALI

Crédits photographies : Camille et Mathilde MASCALI (un GRAND merci)

 

Si cet article vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à le commenter, ou même à laisser une mention "j'aime" ! Notre Insta' : @revue.bartho

324 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page