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Jocelyn, participant à la convention citoyenne pour le climat #8

Dernière mise à jour : 8 oct. 2020


Tu peux te présenter en quelques mots ? Je m’appelle Jocelyn, j’ai 17 ans et je suis lycéen à Munster en option cinéma. Passionné d’arts, cinéaste en devenir, musicien autodidacte, politicien amateur, littéraire à mes heures perdues et même philosophe en fin de soirée, voilà ce qui pourrait me définir en quelques mots !


Comment as-tu été sélectionné pour participer à la convention, et comment as-tu réagi quand tu l'as appris ? J’ai été sélectionné en septembre dernier pour participer à la convention citoyenne pour le climat. C’était un dimanche soir : alors que j’étais tranquillement en train de procrastiner sur ce matelas qui me sert de lit, une notification retentit. C’était un SMS me disant que j’avais été sélectionné au hasard pour participer à la convention. Je devais d’abord répondre assez machinalement par un oui ou un non, par le sexe, l’année de naissance et le numéro de département. Sans trop savoir ce que c’était, je suis descendu de ma chambre pour en informer mes parents, qui eux ont d’abord cru à une arnaque. Sans trop y prêter attention à la base, j’ai quand même fini par me renseigner sur ce qu’était cette convention et c’est à ce moment là que j’ai pu prendre connaissance de l’organisation d’un rassemblement de 150 citoyens pour discuter autour des questions écologiques. J’ai dans la foulée été recontacté pour avoir plus de renseignements sur ma situation socio-professionnelle… Quel était le but initial de cette convention ? De quels sujets devait-on y parler ? Le but initial de cette convention est de répondre à la tribune posé par Monsieur le Premier Ministre Edouard Philippe pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030. Nous devions donc trouver solutions, propositions de lois et recommandations à soumettre au président de la République, qui les ferait ensuite passer soit par vote parlementaire soit par référendum. Cette convention est un exercice de démocratie délibérative (théorie politique selon laquelle les citoyens doivent prendre part au débat public concernant toute décision) inédit en France.

Le devoir est donc aussi, au-delà de l’écologie, d’expérimenter cet exercice politique de débat citoyen encore inconnu en France !

Qu’est ce qui t’as poussé à y participer ? À vrai dire, je me destine pour le moment à Sciences Po pour le post-bac, donc ne pas prendre cette opportunité incroyable de pouvoir participer à cette convention aurait été une bêtise... Par ailleurs, l’écologie, comme pour beaucoup de gens de notre génération, est un sujet qui me touche particulièrement et qui est déjà l’enjeu politique le plus important des années futures. J’avais donc toutes les raisons de participer à cette convention et cela aurait été trop bête de louper cette chance de m’engager dans quelque chose qui, je crois, peut avoir une réelle influence pour le futur de notre politique. Est-ce que tu as toujours voulu t’engager (ou t’es-tu déjà engagé) d’une certaine manière ? Si oui, par quels types de moyens ? (association, manifestations…)

J’ai déjà pu m’engager dans la cause écologique durant mon enfance. En effet, j’étais participant du conseil municipal des enfants de ma commune et, à cette occasion nous avions pu nous rendre à Paris, au Ministère de l’Agriculture, pour avoir participé et gagné le concours « Plus d’arbres, plus de vie ». Le principe était simple, fleurir et amener de la verdure dans le village. J’ai pu à cette occasion rencontrer l’ancien ministre de l’agriculture monsieur Stéphane Le Foll et Jamy Gourmaud, l’animateur de l’émission bien connue de notre génération « C’est pas Sorcier ».

Cette expérience m'a aussi permis d’avoir une vue d’ensemble du bon fonctionnement politique de la vie citoyenne.

Avais-tu quelques appréhensions avant d’y aller ?


J’ai forcément eu quelques appréhensions. En effet, alors que je n’avais que 16 ans, j’allais me retrouver entouré d’adultes de tous âges et de tous horizons, devoir débattre, prendre la parole dans un hémicycle à 150 personnes alors que d’autres avaient beaucoup plus d’expérience que moi. En plus, me rendre seul à Paris était quelque chose d’assez effrayant au départ mais, au final, toutes ces appréhensions n’ont fait qu’agrandir ma curiosité et la stimulation qui pouvait émaner de cette convention ! Comment était organisée cette convention ?


Au départ, je n’avais aucune connaissance de comment elle allait se dérouler. J’avais juste une adresse en poche, le CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental) situé place Iéna dans le 16ème arrondissement de Paris, juste à côté de la place du Trocadéro. J’ai été cherché à mon arrivée par un animateur de l’auberge de jeunesse dans laquelle j’allais être hébergé ces sept prochains week-ends avec les autres mineurs de la convention, dans le 18ème arrondissement cette fois-ci.

En effet, on était sept mineurs à participer à cette convention, entre 16 et 17 ans, mais le nombre se réduit de mois en mois car une grande partie, lors de la dernière session qui se déroulera en juin, seront majeurs. Là allait commencer une aventure humaine incroyable. Lors de ces 7 prochains week-ends, nous allions pouvoir être renseignés par les meilleurs experts : chercheurs, professeurs sur la crise climatique et tout ce qu’elle engendre ; puis débattre à 30 dans 5 groupes thématiques : "produire et travailler" ; "consommer" ; "se nourrir" ; "se loger" ; "se déplacer". J’ai pour ma part pioché le groupe "consommer", car en effet toute la convention est basée sur l’aléatoire de la sélection et la transparence. Ainsi, nous avons pu débattre et élaborer nos propositions, soit dans des salles en groupe thématique soit en hémicycle à 150.

La charge de travail a été très conséquente car le sujet est très large et nous avons voulu être le plus structurant et complet possible.

Qu’est ce que tu as le moins aimé ? Rien… Tout ce que j’ai pu vivre au CESE a été très enrichissant et m’a beaucoup appris. Qu’est ce que tu as préféré ? Il y a eu énormément de moments très enrichissants ! Mais le plus mémorable pour moi est celui où j’ai pu m’adresser en face au Président de la République, Emmanuel Macron, en lui posant une question concernant le futur de la démocratie et de la politique française. J’ai pu ressentir à ce moment un stress accompagné d’une poussée d’adrénaline assez incroyable, car prendre la parole devant 300 personnes, des caméras et en plus de cela en s’adressant au Président de la République est quelque chose de très excitant, surtout quand on a 16 ans, et c’est une chance que je n’aurai peut-être plus jamais... Que t’a-t-elle apporté plus précisément ? La convention citoyenne m’a fait prendre confiance en moi, m’a appris à travailler sous un angle beaucoup plus approfondi que ce qu’on peut avoir dans le cadre scolaire, m’a appris à prendre la parole devant un auditoire et l’ouverture à l’autonomie. De plus, j’y ai fait énormément de rencontres, j’ai pu échanger avec des intellectuels, des personnalités politiques et avoir une ouverture médiatique en étant interviewé par divers médias. Elle m’a également ouvert de nombreuses portes et notamment celle de l’organisation d’un festival de film sur Paris avec Nicolas, un ami de la convention, qui devrait se dérouler en novembre prochain. Est-ce que cette convention va réellement changer quelque chose ? J’espère réellement que la convention va pouvoir changer les choses et faire avancer la cause écologique, seulement nous n’en sommes qu’au stade de la supposition….

Tous les citoyens présents sont en tout cas prêts à s’engager et à se battre pour que nos propositions soient portées le plus loin possible.

Mais au-delà de nos propositions, cette convention a permis de mettre en œuvre en France une nouvelle forme de démocratie qui, à mon sens, a sa place dans le futur de la politique française.


Est-ce que cette convention a pu changer la perception de la politique que tu pouvais avoir, ou alors modifié ta vision ou ton point de vue sur certains sujets ?

La convention n’a pas vraiment changé mes opinions politiques, seulement elle m’a permis d’apprendre ce qu’était "faire de la politique" et se confronter aux réalités du monde dans lequel nous vivons.



(Au sujet de la situation actuelle de l'épidémie, les participants n'ont pas encore eu d'informations concernant le déroulé des dernières sessions qui devaient avoir lieu en juin).



Merci à Jocelyn pour son temps et ses réponses ! :)

Propos recueillis et mis en page par Adèle L.


 

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