top of page

Talent lycéen #11 Simon, vidéaste et photographe

Photo du rédacteur: (re)vue(re)vue

Jeudi 22 octobre, 22h : Au détour d’une absinthe et sur fond de musique jazz, l'interview de Simon Hamman. Photographe, vidéaste (et un peu musicien même s'il ne le crie pas encore trop fort), il y a de quoi parler longtemps : 30 minutes d’interview détendue pour aborder la photographie, la vidéo, son évolution, les galères derrière certains projets ou le syndrome de l’imposteur… et tout ce que ça lui a apporté. 30 minutes plus qu’intéressantes pour les amateurs d’idées, d’art et d’inspirations, retranscrites comme une discussion.



- Photo issue de la série "Beach Experimentation".


Présente-toi en quelques mots:

Je suis Simon Hamman, étudiant de Terminale en option cinéma-audiovisuel. Photographe amateur, je fais un tout tout tout petit peu de musique (mais vraiment rien du tout) et de la vidéo avec notamment mon ami qui s'appelle Bruce (poutous à lui).


Depuis quand as-tu commencé la photo ? Puis la vidéo ?

J’ai commencé la photo avant la vidéo, en mi-troisième (2018), juste des photos de potes mais tout ça a stagné sur le même style de photos pendant longtemps....


-"The Néon Project" avec @sunyste.


Est-ce que c’étaient déjà des photos un peu artistiques à l’époque ?

Justement, non. J’ai commencé avec l’appareil photo reflex de mon père, qui s’en servait très peu (et qui est ensuite devenu le mien du coup...), mais au début c’étaient surtout des photos de potes, de moments... Puis j’ai commencé à essayer d’innover un peu plus dans la photo de souvenirs avec le focus, la distance, les objectifs : essayer de comprendre un peu plus comment tout cela marchait. Mais comme dit, ça stagnait un peu jusqu’à ce que j’arrive en Seconde. Là, forcément, en option cinéma, on étudie des images, des cadres etc., et c’est à ce moment-là que j’ai commencé la vidéo mais aussi réalisé ce que je pouvais vraiment faire en photo. D’ailleurs, maintenant, la vidéo a tendance à prendre un peu le pas sur la photo même si c’est par phases : des mois complètement consacrés à la photo et d’autres à la vidéo.

Si tu devais décrire ton style photo en 3 mots ?

Hum… Complexe… En 3 mots, c’est galère... Improvisation, puisque tout est parti de là je pense. Contemporain, parce que j’essaie de m’inspirer de beaucoup de “très nouvelles vagues” de photo, de nouveaux styles émergents. Et puis je dirais Recherche… Si on résume, tout a commencé sur de l’impro', puis pendant longtemps j’ai cherché à m’inspirer de vibes très contemporaines (et même encore maintenant), et pour finir, récemment, j’ai eu une prise de conscience du fait qu’on peut passer des messages avec tout ça, et je cherche donc de nouvelles directions dans lesquelles me lancer. Donc recherche, parce qu’en ce moment j’ai vraiment une conscience concernant le féminisme et l’égalité homme/femme. En vidéo surtout, parce que j’ai un projet là-dessus avec Bruce et puis des idées de séries qui commencent à naître sur ce thème. Je me tourne dans une direction, peut-être pas définitive, d’expression de messages plus politiques dans mes créations.


-"Anaïs", série photo post-confinement 2020 (@anais2assis).


Et même, commencer à faire des séries photo, pas uniquement une photo par-ci, par-là, ça aide à approfondir et pousser à fond ton concept, non ?

Clairement. Je pense que la découverte des compositions dites “défilantes” m’aide beaucoup. La série Anaïs est d’ailleurs très déterminante pour moi parce que, pour la première fois, je postais quelque chose et je sentais qu’il y avait un message.

Niveau retours, est-ce que tu n’as que des retours positifs ou aussi des gens qui ne comprennent pas trop, qui trouvent ça étrange ou sont juste super hermétiques ?

Comme des tupperwares ?

Oui exactement *rires hahaha on rigole*.

Je ne sais pas vraiment si j’ai déjà rencontré des haters. Je crois que je suis suivi par pas mal de monde, mais ceux qui me donnent leur avis, c’est plus des gens de mon lycée. Mes parents sont parfois un peu dubitatifs mais globalement ils m’encouragent beaucoup dans cette voie-là. Donc non, je n’ai jamais eu des retours vraiment négatifs, à la limite des gens qui évitent le sujet lorsqu’il vient sur la table...



-"Dublin sous toutes ses formes" (ou "Irlande en freestyle").



Pourquoi un lycée option cinéma ?

Mes deux frères et sœurs y étaient déjà et ce sont en fait mes parents qui, voyant ce que ça leur avait apporté, m’ont poussé vers ça. Parce que de base je me serais lancé vers de l’hôtellerie restauration et j'aurais fait un lycée pro (Storck à Guebwiller)... Et je me rends compte que ça aurait été une erreur de fou. Moi je me disais : « mais pourquoi aller dans un lycée option cinéma alors que je ne vais pas forcément finir là-dedans ? ». C’était surtout un hobby.

Et puis ma mère m’a dit cette phrase très marquante : « Mais Simon, même si tu ne finis pas dans le cinéma, c’est enrichissant. Y a de l’audiovisuel partout. »

Et là, je me suis dit : « Bah ouais, bien vu. Allez, j'écoute ma mère pour une fois... Tentons. » Et je ne regrette pas. Parce que fin de Troisième je n’avais pas forcément une grande sensibilité artistique, et d’aller là-bas un peu en « pèlerinage », c’est aussi chercher une conscience artistique, et ça n’a été que bénéfique.




Est-ce que t’arrives à différencier ton travail perso de celui scolaire ?

Concernant la photo, c’est facile parce qu’on n’a pas de travail photo demandé. Donc ça a toujours été uniquement du travail perso sauf un devoir de confinement, un autoportrait, que j’ai trouvé malin de la part de mon prof d’ailleurs, parce qu’on ne travaille pas sur la photo d’habitude et que le contexte était vraiment parfait pour ça.

En vidéo, ça prend beaucoup de temps, donc faire à la fois les projets scolaires et d’autres perso serait très délicat. Mais avec l’amitié Bruce/Simon, on a quand même commencé les vidéos « clôture électrique ». C’étaient un peu plus des exercices de pratique qu’on se donnait à nous-mêmes parce qu’on trouvait qu’en Seconde on n’avait pas assez de taff de la part du lycée dans notre option. Mais finalement, les gros projets vidéo sont toujours des projets scolaires : Sunday Night, Meurs dans mes bras... et ça m’a fait d’ailleurs un peu une baffe dans la gueule quand je m’en suis rendu compte récemment : j’aimerais bien faire plus de choses en indépendant total.

Après, on a beaucoup de liberté dans nos réalisations à rendre. On est un peu guidés dans le scénario et on nous impose un travail de groupe par exemple, mais le résultat final c’est toujours nous et on se l’approprie vraiment.

Vous les montrez en classe après ? Ce n’est pas trop intimidant ?

C’est un peu stressant au début mais ensuite on a surtout hâte. Même les retours négatifs sont toujours positifs, car ils permettent des remises en question. Y en a eu d’ailleurs. Sunday Night par exemple, c’est un plan séquence réalisé pendant les vacances d’été à la caméra portée : 6 minutes d’un mec qui marche en noir et blanc dans la rue… et c’est chiant à mourir ! Sauf qu’on s’en est rendu compte que en le montrant parce qu’on s’attendait à des super retours et que les gens n’ont pas du tout aimé.



-Photo extraite de la série "Étouffante", lors d'une résidence musicale d’une semaine.


Un projet dont tu es le plus fier ?

J’ai droit d’en choisir un en photo et un en vidéo ?


Oui t’as le droit de faire photo et vidéo, on triche un peu mais ça passe.

Photo c’est clairement la dernière série avec Anaïs, c’est vraiment un tournant, très récent en plus… Et je n’ai pas l’impression d’en parler au passé mais toujours au présent, donc c’est très inspirant. En publiant cette série, j’étais super content des retours parce que c’est une série très personnelle qui raconte nos retrouvailles avec Anaïs après le confinement, et même si les photos sont belles, les gens auraient pu ne pas s’y intéresser du tout.



En vidéo, ce serait Angst vor Wasser, premier court-métrage réalisé après le clip de La Banane sur Philippe Katerine. C’était le premier truc un peu sérieux qu’on a fait avec Bruce et lorsqu’on l’a montré, 30 secondes avant la fin, j’avais vraiment peur que les gens n’aient pas compris le message... Et là, les gens sourient et applaudissent... et tu sais que tu vas pouvoir faire d’autres trucs.

Après, le dernier court-métrage, Norman, réalisé au bord de la mer, était vraiment intéressant, et même si d’autres sont plus aboutis comme Meurs dans mes bras avec du dialogue, une longue durée (10 minutes), une vraie histoire... Norman, c’est un peu un ovni. On s’est pris la tête un peu sur le tournage avec Bruce, je voulais même quitter le projet… un sacré bordel. Mais je trouve ça incroyable que tout ce bordel, on l’ait surmonté et qu’à la fin on soit devenus amoureux du truc et trop contents de le présenter. Donc en photo et vidéo, finalement ce serait les 2 derniers.


Le projet le plus compliqué à réaliser ?

En soi, il y a toujours des galères sur un film :


Faire du cinéma c’est vraiment résoudre des problèmes. Un tournage c’est des emmerdes, et c’est presque cette capacité à passer au-dessus qui fait le film.

« Meurs dans mes bras », était complexe parce qu’on avait une équipe de potes, mais où le travail ne marchait pas trop... Mais le plus dur de tous, c’est vraiment Norman, tourné cet été sur l’île de Batz parce qu’il y avait : la météo qui change, un découpage technique* qu’on modifie la veille ou en route, moi qui pensais que ça ne marcherait pas et qui voulais même arrêter... Aussi parce que j’étais dans un mood vacances et Bruce dans un mood travail et que ça a longtemps créé un déséquilibre.


* découpage technique : élaborer et prévoir chaque scène, les plans, les échelles

à filmer pour un scénario. Le lien de l'écriture au tournage.



Est-ce que commencer la photo et la vidéo, ça t’a changé personnellement ?

Oui vraiment, les rencontres que j’ai faites à Munster, c’est les trois quarts de ce que peut t’apporter cette école. Tout s’est vraiment construit autour d’une colonne vertébrale d’art, de cinéma, de musique et je n’en serais jamais arrivé là aujourd’hui sans cette option et les gens perchés comme Bruce que tu y rencontres. Tu commences à écouter de la musique particulière, à t’habiller différemment, à avoir même une vision et une façon d’aborder le monde... Tout ça en se copiant un peu tous les uns les autres, puis en se détachant pour ne garder que ce qui nous ressemble vraiment.


Autre chose, c’est drôle, mais ça m’a donné envie de rendre les moments de vie beaux comme s’ils étaient dans un film.

Ça peut poser problème parce que ce n’est pas toujours possible puisque c’est la vraie vie, mais c’est aussi très bénéfique parce que ça crée de super moments.



-Série "ça sent le renfermé", réalisée en confinement.


Comment on fait pour se sentir légitime ? Est-ce que tu y arrives aujourd’hui ?

Je me suis fait cette réflexion il y a peu. C’était assez compliqué au début, et même maintenant je ne sais pas si je pourrais me donner le statut d’ « artiste », j’en ai très envie mais je ne me sens pas forcément légitime. C’est finalement le métier le plus flou, un métier/hobby, et c’est compliqué de définir à quel moment tu franchis le cap, tu arrêtes de minimiser. Certains, sans trop d’ouverture sur l’Art, vont peut-être trouver que ce qu’on fait avec Bruce c’est un travail digne de grands artistes, mais un grand réal', lui, ne se dit pas forcément la même chose : la notion d’artiste varie beaucoup en fonction des gens. Après, dans l’ensemble, j’ai beau toucher à plein de domaines, il y a quand même une direction qui s’en dégage, quelque chose de cohérent qui n’est pas du hasard, donc oui, je me sens relativement légitime dans ce que je fais.


Un projet artistique que tu rêverais de réaliser ?

Je crois que j’adorerais recommencer à zéro dans un autre domaine et faire de la musique. J’ai fait de la flûte puis du saxophone et du piano, et maintenant je grattouille vite fait de la guitare.

Même si ce sont des bases très fragiles pour commencer à en créer soi-même, j’ai toujours eu une obsession avec la musique, des playlists de 34h et une grande curiosité...

En plus, c’est d’une richesse folle cette idée de pouvoir combiner des arts, de composer la musique d’un film, par exemple.

Les prochains projets ?

Justement, transition : on réfléchit en ce moment à notre projet de film de fin d’études, pour le Bac, avec Anaïs, Adeline et Bruce (acolyte inséparable) et on trouverait ça incroyable de composer nous-mêmes la musique. Adeline est beaucoup dans ce domaine et a pas mal d’instruments, donc on se tâte pour éventuellement composer nous-mêmes la musique du film. Ce ne serait pas le rêve qui se réalise mais ce serait un pas vers ça du coup.


Merci Simon pour avoir refait le monde et répondu à toutes mes questions !





Pour le retrouver sur Instagram:


Sur Youtube:


Site Internet:


 

Article et mise en page : Camille

Crédit photo : Simon

Relecture : Pierre B.


Si cet article vous a plu, n'hésitez pas à le partager, à le commenter, ou même à laisser une mention "j'aime" !

Notre Insta' : @revue.bartho



107 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page