A l’occasion de la sortie de son tout premier recueil de poèmes « Questions d’une âme perdue », nous avons voulu interviewer O’donnell (alias Louis), élève de première en option cinéma à Munster. Dans cet article, on parlera donc de sa poésie, de son parcours peu commun, mais aussi d’art en général, de la façon dont on peut l’aborder et de comment prendre confiance en soi, même lorsque l’on se sent différent.
(re)vue (R) : Hey comment tu vas ? Est-ce que tu peux nous parler un peu de toi pour commencer ?
O'donnell (O) : Je m’appelle Louis mais j’écris sous mon deuxième nom O’donnell car je trouve ça un peu plus original. J’ai 16 ans et j’étudie le cinéma dans mon lycée. Je suis gay et j’aime beaucoup m’habiller de manière androgyne. J’aime énormément l’Art et j’aime toucher à tout ; je suis en premier lieu passionné par le cinéma mais je peins de temps en temps, je danse, j’écris beaucoup (des poèmes, des lettres et des chansons) et pour moi la mode est aussi une forme d’expression artistique donc il m’arrive de faire des croquis et je commence doucement à apprendre la couture pour m’améliorer dans ce milieu. Je suis quelqu’un qui consacre ses créations à une muse et je suis toujours à la recherche celle-ci. Une muse peut-être un homme ou une femme mais dans mon cas, comme je suis un éternel romantique, je préférerais un garçon.
(R) : Tu as toujours été passionné par l'Art ? Parle nous un peu de ton parcours…
(O) : Je pense qu’inconsciemment, oui. La première forme d’Art qui m’a bercé dans mon enfance a été la musique. J’ai grandi en apprenant les clips de mes chanteuses préférées comme Run The World de Beyoncé ou encore les clips des Pussycatdolls. J’adorais me donner en spectacle et préparer des shows avec des démarches artistiques derrières. Puis il y a eu une montée des réseaux sociaux et j’ai découvert Youtube. Je me souviens encore de la première vidéo que j’ai vu. C’était La Ferme Jérôme sur les One Direction. C’était ma cousine qui me l’avait fait découvrir et je pense que ça a changé ma vie. A chaque vidéo que je regardais, j’essayais de comprendre comme ils faisaient pour faire tout ce qu’ils faisaient. Puis j’ai découvert Vine et ça m’a permis de commencer à faire des petites vidéos. Ensuite j’ai eu Facebook et des applications de montages : je m’amusais à faire des petits clips seuls et je les postais. Vers mes 8 ans environ j’ai découvert iMovie sur Mac et c’est là que j’ai commencé à faire du vrai montage. Tout ceci m’a donné envie de me lancer sur Youtube, ce que j’ai fait. C’était très médiocre : je ne retrouve plus les vidéos, et tant mieux je pense. J’ai arrêté et je m’en suis créé une plus tard, et je l’ai resupprimer. Arriver au collège, en 5e je décide de refaire une chaîne youtube parce que faire du montage m’avait manqué et j’ai créé Sunyste. J’ai arrêté quelques mois plus tard car je ne pouvais pas supporter les jugements au collège. Lorsque je suis arrivé dans mon lycée actuel, j’ai repris goût à la création audiovisuelle et ça m’a permis de faire de Sunyste un réel personnage. Entre temps j’allais très mal. Je suis quelqu’un de très angoissé et très sensible, sûrement dépressif sur les bords et écrire me permettait d’extérioriser. Je me suis mis à la poésie un peu sans réfléchir et je trouvais que ce n’était pas si mauvais donc j’ai commencé à les poster. On en est là maintenant, j’ai sorti mon premier recueil de poèmes.
(R) : Pourtant maintenant tu abordes des thèmes très personnels, qu'est ce qui a changé entre temps et qu'est ce qui te permet de les assumer ? Et est-ce que du coup, la publication de ce recueil tu la vois comme une étape de plus pour affirmer tes idées et ton art ?
(O) : Le lycée m’a complètement changé. J’ai découvert des personnes comme moi et ça m’a permis d’avoir une autre vision du monde. Au collège je me sentais seul. J’avais des amis géniaux, mais malgré tout je me sentais incompris. J’ai un groupe d’amis au lycée qui est très ouvert d’esprit et très compréhensif. J’ai aussi rencontré ma meilleure amie actuelle qui m’aide énormément avec mes problèmes d’identité. Je pense que ce petit cocon de bonheur m’a permis de m’affirmer à travers l’art et de parler de choses qu’en général je n’ose pas aborder.
Ce recueil de poèmes me permet d’ouvrir une porte de création plus sérieuse je pense et grâce aux retours que j’ai eu ça me motive à encore aborder des sujets tabous mais qui méritent d’être exprimés.
(R) : Est-ce que tu pourrais nous parler un peu plus de ce recueil « Questions d’une âme perdue » ?
(O) : Je m’intéresse beaucoup à la société, aux comportements humains etc.. et je me pose aussi beaucoup de questions à propos de ça. J’ai un petit carnet ou j’écris tout ce qui me passe par la tête et toute ces idées je me suis dit « pourquoi pas en faire des poèmes ? » et voilà . Le premier écrit était Beaux et Moches. On a eu une discussion avec ma meilleure qui était partie un peu trop loin. En plein cours je me souvenu de cette discussion et je me suis mis à écrire ce poème. En général un poème me prend 5/10 min à être écrit. Les autres poèmes ont été écrit au fur et à mesure de mon inspiration donc je ne pourrais pas exprimer un temps précis d’écriture. J’écris très souvent en cours mais ce sont des poèmes inspirés de mon crush actuel.
Les sujets que j’aborde sont divers et variés. Ils sont souvent inspirés de ma vie et de ce qui m’entoure. Tout ce que j’écris est toujours inspiré de ma vie, c’est pour ça que mes poèmes sont très personnels.
(R) : En dehors de tes expériences personnelles, est ce que tu t'inspires aussi d'autres artistes ?
(O) : Je le fais peut-être inconsciemment mais pour l’instant mes écrits ne sont inspirés que de ce qui m’entoure.
(R) : D'accord et pour la suite, d'autres projets à venir ? D'ailleurs, étant dans un lycée spécialisé en arts visuels, tu envisages l'art comme domaine professionnel plus tard ?
(O) : J’ai beaucoup de projets mais peu sont réalisables. Mon alter ego, Sunyste, comptait faire un court-métrage en 4 chapitres. Je compte aussi continuer « Questions d’une Âme Perdue » car j’ai encore plein de sujets à aborder. J’ai aussi eu l’idée dernièrement de sortir les lettres que j’écris mais j’ai besoin d’y réfléchir encore. En tous cas je ne compte pas arrêter de créer de sitôt ! J’espère plus tard devenir réalisateur. C’est le métier que je rêve d’avoir mais je ne voudrais pas me limiter à un seul : j’aimerais aussi travailler dans la mode et la musique et continuer à écrire. Je vais tout faire pour faire de ces rêves des réalités.
(R) : Du coup pour conclure, quel conseil tu donnerais à quelqu’un qui veut se lancer dans l’art ou cherche simplement à être plus assuré ?
(O) : Le plus important est de s’aimer. Ça aide aussi beaucoup d’être entouré de bonnes personnes qui te soutiennes dans tes projets. Il est important aussi pour moi de ne pas avoir peur de ce que je dis, d’assumer tout ce que je fais. J’apprends à m’aimer doucement et durement mais les résultats sont là ! dans l’Art il ne faut pas avoir peur du regard des autres sinon tu ne vas jamais créé quelque chose qui te plaît. Il y aura toujours des personnes qui n’apprécieront pas ton travail mais pourquoi le côté négatif quand il y a des personnes qui croient en toi et t’encourage chaque jour ? S’assumer c’est très dur et j’ai encore du mal parfois ou j’ai aussi peur de sortir par peur de me faire agresser mais je ne suis pas silencieux et il ne faut pas être silencieux. Chacun a une valeur et tout le monde est important. Tu es important, n’oublie jamais. C’est très dur certains jours mais tu ne seras que fier de toi quand tu arriveras à t’assumer totalement !
(R) : Merci à toi pour tes réponses et bonne continuation pour la suite !
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Article écrit par Mathilde M
Photo de Louis