Pour cette édition de nos Talents Lycéens, je vous propose de rencontrer Océane Delin, une lycéenne franco-allemande rencontrée lors du Jugend Parlament (nous avons d'ailleurs publié un article à ce sujet, juste là ). Son engagement pour le climat et sa motivation nous ont donné envie d'en apprendre un peu plus sur elle !
(re)vue (R) : Tu peux te présenter un peu ? (nom, âge, classe, loisirs, parlements ou groupes dans lesquels tu occupes une place...)
Océane (O) : Je m’appelle Océane Delin, j’ai 17 ans, je vis à Lörrach en Allemagne et je suis franco-allemande. Je suis organisatrice de Fridays for Future (grève pour le climat) dans ma ville et je coordonne les jeunes d’UNICEF. J’ai participé cette année au parlement des jeunes du Baden-Württemberg et du Rhin supérieur. Mes journées sont structurées par l’école et l’organisation des événements, qui peut prendre plusieurs heures par jour. Je suis également Miss Schwarzwald (Forêt Noire) Teen et Miss Baden-Würrtemberg Teen, ce qui veut dire que j’ai été élu miss de mon Land dans la catégorie des adolescentes. C’est pour cela qu’il m’arrive de faire du modeling et du fitness.
(R) : L'urgence climatique est-elle pour toi l'une des crises les plus urgentes à régler, et pourquoi ?
(O) : À mon avis l’urgence climatique est LA crise la plus urgente à régler. Si nous n’arrivons pas à retrouver un équilibre climatique, tous les êtres vivants seront en danger. D’après 99% des chercheurs climatiques, le point de déclenchement sera dans dix ans, ce qui veut dire que nous avons un temps très restreint pour sauver notre planète. De plus, ce sont les plus pauvres qui sont touchés par les catastrophes climatiques : c'est pour cela qu’il s’agit aussi de justice.
(R) : As-tu toujours été une personne engagée, ou alors ce caractère est-il apparu avec le problème du bouleversement climatique ?
(O) : J’ai toujours été sensible à la question du climat et de l’environnement, mais je ne voyais pas comment m’engager. J’avais l’impression d’être inutile et c’est pourquoi ma mère et moi avons décidé de devenir marraines d’une fille dans un pays pauvre via Plan International. Comme je me sentais encore trop passive, j’ai intégré l’UNICEF. Fridays for Future existe depuis décembre en Allemagne, et ma première grève a eu lieu en janvier. Je l’ai vécu comme un cas de conscience, et depuis je consacre mes journées à la cause.
(R) : Que penses-tu de l'engagement naissant chez les jeunes pour le climat ?
(O) : Je suis très heureuse de voir qu’il y a un éveil chez les jeunes. C’est très important parce qu’il s’agit de notre futur. Malheureusement, ce cas de conscience n’atteint pas tout le monde, ce qui est problématique face à la crise à laquelle nous avons à faire.
(R) : As-tu l'impression que ta voix est suffisamment entendue, surtout chez les adultes ?
(O) : Je pense que ma voix est entendue, et il y a beaucoup d’adultes qui nous soutiennent (Parents for Future, Grandparents for Future, etc) dans ma ville. Ceci dit, on nous entend, mais les gens sont souvent trop fainéants pour changer leur mode de vie ou de pensée. De plus, beaucoup tiennent au vieux système par peur du nouveau, ce qui est fatal quand on veut changer les choses.
(R) : Quelles sont tes actions au quotidien pour le climat ? Comment fais tu pour combiner mobilisation et études ?
(O) : Mes actions quotidiennes pour le climat sont multiples. Je ne mange par exemple ni de viande ni de poisson et j’essaie d'exclure les produits d'origine animale : l’élevage intensif fait partie des trois plus grands producteurs de CO2 au monde. Je ne vais plus dans les magasins où l’on vend de la « Fast Fashion ». Ce sont des vêtements qui ont été fabriqués sous des conditions inhumaines et très polluantes. Malheureusement ce sont les habits que nous portons quotidiennement et nous en achetons sans arrêt encore plus. C’est la raison pour laquelle je porte beaucoup de vêtements équitables et de seconde main (donc pas cher) provenant de friperies, marchés aux puces ou encore de ma famille. Souvent, on y trouve des pièces uniques que personne d’autre possède ! Ma famille essaie également de faire les courses sans plastiques, etc.
Parfois, j’ai du mal à combiner mobilisation et école. Étant déléguée, je me rends souvent à des soirées et des discussions qui peuvent durer assez tard. Une à deux semaines avant les manifestations, j’ai beaucoup de pression. Dans ces cas, je me dis que j’ai une mission que dois mener à bien et avec cette attitude j’arrive à gérer mon emploi du temps.
(R) : Tes parents et ta famille te soutiennent-ils beaucoup dans cette mobilisation ?
(O) : Ma famille est plutôt favorable à mon engagement et ma mère me soutient beaucoup. Elle a fondé Parents for Future à Lörrach, qui est un mouvement de parents et plus en général d’adultes qui soutiennent le mouvement des jeunes. Comme ma mère est confrontée à la même pression et problèmes que moi, elle me comprend et soutient facilement.
(R) : Y'a-t-il une autre cause qui te tiens particulièrement à coeur ?
(O) : Au-delà de la cause pour le climat, il y a la cause animale qui me tient à cœur. Je suis végétarienne depuis que j’ai six ans par pitié pour les animaux et depuis cette année j’essaie d’être vegan. C’est impensable ce qu’on fait subir aux animaux en élevage intensif. Si plus de gens connaissaient leurs conditions de vie, il y aurait plus de végétariens et vegans dans le monde.
(R) : Un message pour tous les jeunes qui hésiteraient à s'engager ?
(O) : Il n'y a pas de planète B, alors il faut foncer ! Nous sommes confrontés au plus grand défi de l’humanité, il suffit de lire les rapports des chercheurs climatiques. Les solutions existent déjà , mais il faut avoir le courage de se lancer sans se laisser démotiver par les autres. En s’engageant pour la Terre, on s’engage indirectement pour les animaux, les droits des enfants, la justice… tout y est lié !
Merci beaucoup à elle pour ses réponses et les photos !
Propos recueillis et mis en page par Adèle L.
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